La parole à…Dominique Estrosi-Sassonne, Sénatrice

A l’occasion de la publication en janvier dernier de l’étude sur l’impact du Service Civique sur la participation démocratique, Unis-Cité donne la parole à 3 personnalités engagées en faveur du Service Civique : Sarah El Haïry, Ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ; Patrick Kanner, Sénateur et porteur d’une proposition de loi sur le Service Civique ; Dominique Estrosi-Sassonne, Sénatrice.
- Le Comité éditorial qui a conduit l’étude sur l’impact du Service Civique sur la participation démocratique recommande de « généraliser le Service Civique », c’est-à-dire de faire en sorte que tous les jeunes, dès 16 ans, soient obligatoirement informés de son existence, et que tous puissent y avoir accès entre 16 et 25, voire 30 ans. Qu’en pensez-vous ?

Le Service Civique, mis en place en 2010 sous Nicolas Sarkozy dans un quasi-consensus, est une belle initiative et un projet qui a permis de renforcer l’implication des jeunes dans la vie civique. C’est une formule que nous avons toujours trouvé intéressante car elle réunit les valeurs d’engagement qui étaient au fondement du Service militaire, de solidarité qui fondent notre vie associative et d’égalité car il s’adresse à tous les jeunes qui le désirent quel que soit leur origine et leur milieu social sur un seul critère d’âge.

Informer davantage sur l’accessibilité du Service Civique va dans le bon sens à l’heure où notre pays a besoin de retrouver de la fraternité. Après avoir connu un quadruplement des entrées au cours des deux dernières années, le Service Civique a amorcé un léger reflux après la crise sanitaire. Aussi, faire connaître ce dispositif demeure plus que jamais nécessaire tant le champ du Service Civique a évolué, couvrant 9 domaines très variés (Culture, Développement international, Sport, Santé…), ce que beaucoup de jeunes ignorent encore trop souvent. Il y en a pour toutes les passions.

 

- De même, l’étude met en évidence que l’impact du Service Civique sur le sentiment d’appartenance à la République est démultiplié pour les jeunes de quartiers populaires et les jeunes peu qualifiés. Le Comité éditorial recommande donc de mettre des moyens spécifiques pour promouvoir le Service Civique auprès de ces jeunes et leur rendre beaucoup plus accessible. Qu’en pensez-vous ? 

Il y a un vrai besoin de retrouver du « sens commun » et de refaire Nation. Le Service Civique peut y contribuer, d’abord en ouvrant de nouveaux horizons aux jeunes des quartiers populaires en favorisant leur intégration et en les préparant à l’emploi. C’est d’ailleurs en réponse aux émeutes de 2005 que Nicolas Sarkozy avait imaginé cette formule qui a aussi permis de créer un « entre deux » dans notre pays alors que la question de la formation professionnelle et du maintien du collège unique reviennent régulièrement dans le débat public.

La République, ce ne sont pas seulement des symboles abstraits. Ce sont des actions, une reconnaissance des mérites et de l’effort.

 

- Dans le cadre des réflexions sur l’avenir du service national universel, votre parti est-il favorable à l’universalisation du Service Civique en France ?

Il y a une convergence sur le besoin d’inciter davantage les jeunes à l’engagement, notamment via une information plus poussée. Je sais que beaucoup d’acteurs de terrains demandent un investissement et un portage politique plus forts en la matière et cela va dans le bon sens.

Il est important, toutefois, de maintenir le caractère volontaire de ce qui est une démarche au service des autres. C’est aussi la plus-value du Service Civique, et ce d’autant plus que le Président de la République entend généraliser le SNU, qui n’a pas la même vertu, dès la seconde.






Ce projet de généralisation du SNU n’a jusqu’à maintenant jamais été mis en route, mais il semble toutefois revenir sur la table. Mi-septembre, Prisca Thévenot a ainsi confirmé la volonté de l’exécutif d’aller vers une « une généralisation qui sera une obligation » (alors qu’elle affirmait le 4 août « qu’il n’y aurait rien de pire que de forcer un jeune à aller faire le SNU »).

 

Au Sénat, nous avons déjà émis plusieurs réserves sur cette généralisation du SNU à l’initiative de mon collègue Cédric Vial :

·     concernant la mission d’intérêt général (MIG) qu’il contient, nous avons relevé que : sur la période 2019-2021, à peine plus de la moitié des volontaires ayant effectué le séjour de cohésion l’ont validée, ce qui révèle les flottements qui demeurent sur cette deuxième phase ;

·     concernant la logistique, près de 5 000 encadrants ont été recrutés en 2022, soit environ 1 adulte pour 7 jeunes. Si ce taux reste inchangé, plus de 100 000 encadrants seront nécessaires en cas de généralisation. Un objectif inatteignable également en matière de logement, les besoins étant conséquents ;

·     la difficulté à identifier des missions d’intérêt général en nombre suffisant, proches des lieux de résidence des jeunes (notamment en milieu rural où se pose la question de la mobilité).

Un rapport sénatorial de 2023 « La Généralisation introuvable » avalise les critiques de Cédric Vial, qui regrette l’absence de politique d’envergure pour la Jeunesse et note que 2023 devait être l’année de la généralisation (avec une trajectoire initiale de 800 000 engagés) pour un objectif largement revu à la baisse avec 64 000 inscrits en séjour de cohésion.

Le Service Civique, par définition, c’est l’engagement et il ne peut être contraint.
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