Portrait de Khadija, volontaire COOP’R

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Caen

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“On voit qu’on n’a pas tous les même mode de vie”
Pourquoi as-tu choisi ce service civique?

Quand j’étais à l’école de la deuxième chance, une amie m’a parlé de ce service civique. Cela m’a tout de suite parlé car j’aime être auprès des gens, et le fait de travailler dans la solidarité est ce qui m’a poussé à venir. La mission du service civique s’appelle COOP’R, on est une équipe de 10 étrangers et 10 français.

Peux-tu nous dire les grands points de ce service civique?

Notre mission est de faciliter l’intégration des étrangers en France mais cela s’étend aussi à d’autres publics. On a différents axes: la solidarité, le numérique et le sport. On donne des cours de numérique dans les écoles avec des allophones, on aide aussi les associations qui font de la distribution alimentaire comme la croix-rouge, on fait aussi des maraudes avec Vents Contraires, une association qui fait des distributions de produits d’hygiène et produits numériques.

“On voit qu’on n’a pas tous les même mode de vie”

Personnellement je préfère les actions de solidarité, j’ai découvert grâce au service civique ce qu’est une maraude et ça me plait beaucoup. Je suis entrée dans le service civique surtout pour faire des distributions pour aider les gens. Ça me permet aussi de découvrir des cultures car on discute avec les gens, et on voit qu’on a pas tous le même mode de vie. Avant je ne me rendais pas compte que les autres n’avaient pas les moyens que j’ai. En arrivant en France je pensais qu’il n’y avait pas de pauvreté, ce service m’a fait découvrir la réalité. En voyant des gens dormir dans des tentes, on se rend compte de nos différences de vie. C’est triste, mais c’est important d’être conscient de la vie des autres.

 

Quand es-tu arrivée en France?

Je suis arrivé en France en 2019, j’avais 16 ans. Je ne parlais pas français et ne connaissais personne à part ma famille. Je suis restée quelques mois avant d’aller à l’école, en attendant qu’une place se libère en classe d’UPE2A (une classe spécialisée pour les mineurs allophones). Pendant ce temps d’attente j’allais au centre socio-culturel où je faisais des cours de français pour apprendre les bases. J’ai pu aller à l’école en mars et j’ai fait deux ans de cours là-bas, jusqu’à mes 18 ans. Après je suis allée au lycée pour avoir le bac, mais c’était compliqué car je ne parlais pas très bien français, et les classes de 30 personnes ne permettent pas un bon suivi. J’y suis resté 3 mois. Je suis allé directement après en Mission de Lutte contre le décrochage scolaire. La-bas on apprend le français, on fait des remises à niveau et on découvre des métiers. Je voulais faire CAP vente. Je devais commencer en 2021 mais il était complet et on m'a dit d’attendre pour l’année prochaine. Je n’ai pas retenu ma candidature. A la place, j’ai fait une remise à niveau du français à l’Acsea. L’acsea m’a envoyée vers l’irfa, un centre de formation pour découvrir des métiers et faire des remises à niveau. A la suite, j’ai fait l’école de la deuxième chance, et me voilà aujourd’hui en service civique.

Quelles ont été tes difficultés à ton arrivée?

Le plus compliqué pour moi était le français, c’était compliqué pour la communication. Quand j’étais dans mon pays je voyais des gens parler français et ça m’a toujours donné envie de parler cette langue. Une fois arrivée en France je me suis dit, là c’est le moment pour bien parler français.

Au tout début de mon apprentissage, j’avais du mal à parler aux gens car j’avais peur du jugement par rapport à mon niveau de français. Je pouvais dire mon prénom mais pas mon âge

J’allais pas vers les gens car ils venaient pas vers moi, mais mon apprentissage du français s’est fait progressivement. Un moment j’habitais à la campagne, qu’avec des gens qui parlent français, je pense que c’est surtout ça qui m’a aidé à parler français. Je regarde aussi des vidéos youtube et ça m’a aidé. Les bases, je les ai apprises à l’EREA.

 

Peux-tu me parler de ton parcours?

J’habitais dans la capitale du Tchad: N’Djaména. Au Tchad, c’est pas des bâtiments comme ici, c’est des grandes terrasses, et chacun a son petit coin. On était avec les voisins séparés par des pièces. J’étais dans un quartier où il n’y a pas beaucoup de monde, j’étais entourée par des cousins et cousines. Eux aussi ne sont pas allés à l’école, donc on s’est dit qu’il ne fallait pas qu’on reste sans rien faire, donc chacun et chacune a fait son petit commerce: henné et nourriture.

Quand j’étais au Tchad, je n’allais pas à l’école. J’ai commencé l’école arabe à 7 ans mais on me frappait quand j’arrivais en retard, donc j’ai dit à mes parents que je voulais plus y aller, et j’ai arrêté à 10 ans. J’ai repris à 12 ans, et j’ai fait juste quelques mois avant d'arrêter à nouveau. Quand je suis arrivée en France, je voyais les gens dès le matin avec leur sac, je ne comprenais pas, et on m’a dit que les gens vont à l’école, que c’est obligatoire jusqu’à 16 ans, et donc je suis allé à l’école.

Je restais avec ma mère qui tient un commerce, et si elle était pas dans le magasin c’est moi qui m’occupais du magasin. Les membres de ma famille tenaient tous un petit stand devant chez eux, et moi je vendais des mangues, que j’achetais moins cher. Au début c’était que des mangues, puis j’ai augmenté mon commerce avec des patates douces que je faisais cuire, avec une sauce de beurre de cacahuète, et mangues avec sauce pimentée. J’avais 12 ans. Au début je ne savais pas ce que valait l’argent, mais une amie m’a appris les différentes pièces: 5, 20, 50 centimes, 1 franc CFA. Quand j’étais toute petite j’ai toujours aimé être en contact avec les gens, et j’ai toujours gardé cette envie d’être auprès des gens et des enfants.

Au Tchad, tous les gens qui ont des métiers ont fait des études. Mon rêve était de ne pas grandir dans mon pays. Je voyais mes amis partir, voyager et je me disais que je voulais faire pareil. Quand je suis arrivée en Europe je me suis dit: c’est bon, on y est!

 

Quel est ton objectif aujourd’hui?

Avec les stages que j’ai fait et l’expérience que j’ai j’aimerais être auprès des enfants. J’aimerais être animatrice dans un centre socio-culturel, dans les centres de loisirs et MJC. J’essaierai, peut-être dans l’avenir, d’être traductrice. Cette année, je compte étudier l’anglais et l’arabe littéraire, comme ça j’aurai ces langues pour être traductrice. Mais je veux passer mon bafa avant de faire les études pour être traductrice.

Quand j’étais au Tchad, des voisines qui partaient au marché me demandaient de garder leurs enfants et j’aimais les garder (même si y en a qui sont chiants). J’aimais être avec eux. En France, j’ai fait beaucoup de tests d’orientation, et à chaque fois c'était l’animation qui tombait en premier. Donc j’ai fait un stage qui s’est bien passé et ça m’a confirmé le domaine où je voulais être. J’ai regardé les différentes études, les différents métiers d’animation.

Par Tao, volontaire COOP'R. 
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